• English
  • Français

Témoignage de M. MATHEN, Gouverneur de la province de Namur, sur la gestion de la crise du COVID19

 

Gestion de crise Covid-19 – Gouverneur de la province de Namur

Pour rappel, en Belgique, les gouverneurs (francophones) sont, en déconcentration, Commissaires du Gouvernement fédéral et des entités fédérées (Région wallonne et Fédération Wallonie-Bruxelles), tout en restant un organe provincial (décentralisation) avec un rôle d’information et de contrôle de la collectivité territoriale qu’est la Province.

Ainsi, dès la fin janvier, le Gouverneur de la province de Namur a demandé que le Coronavirus soit abordé à la « conférence des gouverneurs » du Royaume, qui se réunit de manière mensuelle, celle-ci ayant eu lieu le 05 février. A ce stade, et jusqu’au 12 mars, la situation était gérée au niveau fédéral de manière spécifique et monodisciplinaire par la Santé publique.

En raison de la structure fédérale complexe de l’Etat belge, la Santé est une compétence répartie sur plusieurs niveaux :

- Fédéral  (département de la Santé publique et de la sécurité de la chaîne alimentaire): 

  • Aide médicale urgente : services de garde,  assistance pyschosociale, gestion des risques
  • Hôpitaux : organisation des soins à l'hôpital, systèmes d'enregistrement, financement, statistiques
  • Réseaux de soins : santé mentale, maladies chroniques, maladies rares, plate-forme fédérale d’hygiène hospitalière
  • Qualité de soins : sécurité des patients, soins pharmaceutiques, …
  • Partage de données de santé

- Régions (dont Région wallonne) :

  • Soins ambulatoires
  • Soins hospitaliers
  • Santé environnementale
  • Observatoire de la santé 
  • Infrastructures médico-sociales
  • Prévention, promotion et surveillance des maladies

- Communautés (dont Fédération Wallonie-Bruxelles) – compétences exercées via les Régions ou via les provinces :

  • Promotion et prévention en matière de santé
  • Politiques de vaccinations et dépistage
  • Médecine scolaire

 

Le Gouverneur a continué d’anticiper au cours de cette période les conséquences possibles de cette crise sanitaire d’un point de vue multidisciplinaire et multiplié les contacts et actions : vers les autorités locales (conférence des bourgmestres), avec la cellule provinciale de crise, avec l’ensemble des autres gouverneurs, avec l’exécutif régional, l’Agence régionale de santé (AVIQ) et la Fédération Wallonie-Bruxelles (compétente pour l’enseignement), le Centre national de crise,…

Il s’est aussi agi de prendre des mesures en matière d’ordre public par exemple (arrêtés de police interdisant certains rassemblements, etc.)

Le 12 mars, le Conseil national de sécurité[1] a décrété une « phase fédérale de crise », avec des structures de gestion spécifiques, pilotée par le Centre national de crise (dépendant organiquement du Ministère de l’Intérieur) et engendrant aux niveaux des gouverneurs la réunion automatique des comités de coordination qu’ils président. Il s’agit d’une coordination stratégique avec les services intervenants : pompiers, soins médicaux, police, logistique (Défense, Protection civile), information.

En phase fédérale de crise, le Gouverneur est chargé d’implémenter les mesures décidées par le niveau fédéral sur le territoire de la province ; il sert de relais de et vers les autorités locales et citoyens, anticipe les conséquences de l’application de ces mesures, prend des mesures d’ordre public, assure la coordination stratégique des actions des intervenants, donne un cadre au Poste de commandement opérationnel, établit des procédures de gestion, assure un monitoring des besoins, des ressources et des actions, gère l’information et la communication (communiqués de presse et réseaux sociaux).

Cette crise inédite, à la cinétique lente, a quelque peu bousculé nos procédures et a nécessité dans les faits, la mise en place par le Gouverneur d’une cellule de coordination resserrée[2], regroupant ses services de l’administration, son cabinet, la Commissaire d’arrondissement et son Officier de liaison, en tenant compte des impératifs prophylactiques, des business continuity planning, tout en ayant recours aux nouveaux outils (systèmes de vidéoconférences,…) et aux méthodes de travail adaptées (télétravail,…)

C’est ainsi qu’il participe également aux vidéoconférences journalières du Centre national de crise, avec l’ensemble de ses collègues, mais aussi à celles régulières du Gouvernement régional wallon, du Collège provincial (collectivité territoriale) et de la conférence des bourgmestres qu’il a réuni par e-conférence une quinzaine de fois depuis le 21 mars.

La phase fédérale de crise ne se limite cependant pas, pour le Gouverneur, à une simple application de mesures décidées au comité fédéral de coordination. Il a par exemple pris plusieurs initiatives et dû faire montre de créativité dans cette gestion de crise sanitaire, avec la mise en place de structures originales tels les Postes Médicaux d’Orientation (PMO)[3], postes de médecine générale disposés devant les hôpitaux.  Ils permettent d’orienter rapidement les patients envoyés par leur médecin traitant ou le 1733 (centre médical de garde) vers la solution qui leur convient : retour à la maison, consultation de médecine générale (sur place) ou hôpital (urgence).  

Des appels aux bénévoles ont été diffusés et ont dû être gérés dans ce cadre, avec toutes les contingences logistiques et administratives que cela requiert.

Aussi, en parallèle des missions dans le cadre fédéral, des missions spécifiques lui ont été confiées par la Région wallonne par l’appui à l’agence régionale compétente en matière de santé (AVIQ – Agence wallonne pour une Qualité de Vie) dans la problématique des maisons de repos (monitoring des approvisionnements en matériel, besoins en personnel,…), mais aussi par la mise en place d’un accueil alternatif aux personnes fragilisées ( sans abris, victimes de violences dans des structures d’hébergement collectif, …), en coordonnant des moyens au niveau des opérateurs locaux de l’action sociale.

 

Le 21.04.2020

 

Denis MATHEN

Gouverneur de la province de Namur

 

[1] Cf. note ci-dessous sur l’organisation fédérale

[2] Cf. organigramme organisationnel Covid-19 ci-dessous

[3] Cf. clip vidéo

 

**************************

 

Organisation fédérale – gestion de crise Covid-19 (www.info-coronavirus.be

 

Si le Conseil National de Sécurité prend les décisions politiques, celles-ci sont concrétisées par différentes cellules de crise interministérielles, interdépartementales et interrégionales coordonnées au sein d’un Comité fédéral de coordination. Décodage et coulisses sur le travail acharné de ces nombreuses personnes réunies notamment au Centre de crise National (NCCN).

Des concertations entre acteurs de la santé publique

Depuis janvier 2020 et l’émergence de la pandémie de COVID-19 en Chine, trois organes se réunissent tout particulièrement pour assurer le suivi de la situation au niveau sanitaire :

  • Le Risk Assessment Group (RAG) analyse le risque pour la population en se fondant sur des données épidémiologiques et scientifiques. Présidé par Sciensano, il se compose d’experts de Sciensano et des autorités de santé.
  • Le Risk Management Group (RMG) s’appuie sur l’avis du RAG pour prendre des mesures de protection de la santé publique. Présidé par le SPF Santé publique, il se compose de représentants des autorités fédérales et fédérées de santé.
  • Le Comité scientifique Coronavirus aide les autorités de santé à combattre le coronavirus. Le comité prononce un avis scientifique sur l’évolution du virus et contribue à la préparation optimale de notre pays à l’arrivée du nouveau virus respiratoire.

Depuis la phase fédérale, ces organes de concertation transmettent leurs avis à une « Cellule d’évaluation » (CELEVAL). Présidée par le SPF Santé publique, cette cellule est composée de représentants de Sciensano, du Comité scientifique sur le COVID19, du Conseil Supérieur de la Santé, des administrations en charge de la santé au sein des Régions et des Communautés ainsi que des SPF Intérieur et Mobilité. Elle remet un avis de santé publique pour conseiller les autorités dans la prise de décisions pour lutter contre la pandémie.

Des cellules spécifiques pour préparer et concrétiser les décisions

Vu l’impact important de cette pandémie sur l’ensemble de la vie socio-économique, plusieurs cellules de crise se sont constituées afin d’opérationnaliser la gestion de crise :

  • Le Cellule opérationnelle coordonnée par le NCCN. Via sa Permanence 24/7, cette cellule favorise le flux d’information entre les autorités, veille à l’opérationnalité des infrastructures de crise et assure l’alerte si nécessaire des cellules de crise.
  • La Cellule socio-économique est présidée par le SPF Economie et est composée de représentants des Ministres de l’Economie et de l’Emploi, de la Santé publique et des PME ainsi que des SPF Economie, Emploi et Travail, Mobilité, Sécurité sociale et du SPP Intégration sociale. Elle fait des analyses et remet des avis sur l’impact socio-économique des mesures prises ou à prendre.
  • La Cellule d’information est co-présidée par le SPF Santé publique et le NCCN. Elle veille à la coordination de l’ensemble des autorités locales, régionales, communautaires et fédérales pour une cohérence des stratégies et actions de communication de crise. Elle donne un avis stratégique aux autorités compétentes en se basant son action sur les perceptions en besoins en information de la population.
  • Les Cellules juridiques veillent à la rédaction des textes légaux et apportent des réponses aux multiples questions juridiques qui se posent dans le cadre de cette gestion complexe de crise.
  • La Cellule internationale facilite le flux d’information entre les autorités homologues de crise au niveau européen.
  • La Task Force Police intégrée coordonne les actions des services de police.

D’autres cellules ont encore été activées, pour implémenter les décisions en répondant à une série de questions fréquemment posées, ou pour encore veiller aux traductions des textes publiés. Depuis le jeudi 19 mars, l’ « Economic Risk Management Group » (ERMG) a également été mis en place afin d’assurer la gestion des risques économiques et macroéconomiques liée à la propagation du COVID19 en Belgique.

Des organes stratégiques et politiques pour décider

Depuis le début de cette pandémie, les autorités politiques ont pris des décisions basées sur les recommandations des experts sanitaires en la matière.

  • Le Conseil National de Sécurité (CNS), composé essentiellement de la Première Ministre et des Vice-Premiers Ministres, a été élargi aux Ministres-Présidents des Régions et des Communautés. Cet organe collégial prend les décisions politiques pour la gestion de cette crise.
  • Le Comité fédéral de coordination (COFECO) est placé sous la présidence du NCCN. La gestion spécifique des aspects médicaux (capacité des hôpitaux, moyens de protection, tests, …) est coordonné par le SPF Santé publique. Le COFECO est composé du Président du RMG et de représentants de la Première Ministre, des Ministres fédéraux de l’Intérieur, de la Justice, des Finances, Affaires étrangères, Santé publique, Budget, Mobilité, Défense, Emploi et Travail, ainsi que des Ministres-Présidents des Régions et des Communautés. Les administrations suivantes y sont également représentées : les SPF Santé publique, Mobilité, Economie et la Défense, ainsi que les Centres de crise régionaux et la Police fédérale. Il prépare et coordonne au niveau stratégique l’implémentation des décisions politiques du CNS.

Pour opérationnaliser ces décisions stratégiques et politiques, des concertations sont organisées avec les Gouverneurs de province, la Haut-Fonctionnaire de Bruxelles et le Ministre-Président de la Région de Bruxelles-Capitale afin qu’ils puissent à leur tour coordonner les actions au niveau communale.

Les experts des autorités sanitaires développent constamment des procédures destinées aux professionnels de la santé. Ils savent comment reconnaître rapidement un patient potentiellement infecté par le coronavirus et ce qu’il faut faire le cas échéant. Le virus peut être rapidement identifié dans différents laboratoires. Tous les hôpitaux de notre pays sont en mesure de soigner les patients en toute sécurité.

 

***************************

 

 

***********************

 

Voir aussi