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Manifestants à Tromsø devant le sous-marin nucléaire américain : « Je crains que Tromsø ne soit la cible de bombardement » - Norvège

Les manifestants se sont présentés avec des banderoles et ont exprimé leur mécontentement à l'égard du sous-marin nucléaire arrivé à Tromsø.

PHOTO: RUNE STOLTZ BERTINUSSEN / NRK

Publié : le 10 mai 2021 par NRK

 

Les manifestants se sont rassemblés dans le port de Tønsvik à Tromsø pour protester contre l'amarrage d’un sous-marin américain. Ils craignent que Tromsø ne devienne une cible de bombardement et réagissent à l’absence de plans d’urgence.

- Je crains que Tromsø ne soit une cible de bombardement en cas de guerre. Le plan d'urgence ne mentionne pas s'il y a des armes nucléaires à bord du navire, explique Ingrid Schanke, chef de l'organisation Norway for Peace.

Le sous-marin américain à propulsion nucléaire est apparu près de la côte à 07h00 lundi matin. À 12 heures, il a accosté à Tromsø pour s'approvisionner en nourriture, entre autres.

Mais il y a eu une vive réaction lorsque les Américains ont voulu envoyer des sous-marins nucléaires à Tromsø.

La raison de cette vive réaction est que la municipalité de Tromsø n'a ni l'expertise ni les équipements nécessaires pour faire face à un éventuel accident avec fuite radioactive.

La crainte d’une catastrophe.

Brage Skrede Kyllo est l'un des manifestants mobilisés. Il réagit également à l'absence de plans d'urgence.

- Je m’oppose à ce qui se passe ici maintenant, car en cas d’accident, les conséquences n'ont pas été prises en compte. Nous sommes préoccupés pour ceux qui vivent à proximité.

Le sous-marin nucléaire a accosté à un quai civil, non loin du centre-ville de Tromsø. Cependant, toute la zone est définie comme une zone militaire tant que le sous-marin nucléaire est présent.

Une zone de sécurité de 500 mètres a été mise en place autour du port de Tønsvik, et les forces armées assurent une sécurité stricte sur terre, en mer et dans les airs. De plus, une interdiction de vol a été mise en place dans la région jusqu'à minuit le 12 mai.

Selon le journaliste de NRK sur place, des représentants des forces armées ont tenté de parler aux manifestants. Les manifestants se sont également vu offrir du café et des pâtisseries, mais ils les ont refusés.

La porte-parole du quartier général opérationnel des forces armées norvégiennes, Elisabeth Eikeland, dit comprendre que certains peuvent être sceptiques, mais reste convaincue que l'opération se déroulera comme prévu.

- Pouvez-vous nous garantir qu'il n'y a pas d'armes nucléaires sur ce bateau ?

- Selon la doctrine Bratteli de 1975, la Norvège a posé comme condition préalable que nos alliés n'apportent pas d'armes nucléaires en Norvège. Nous y veillons depuis plus de 40 ans. Les États-Unis sont notre plus proche allié, nous coopérons étroitement en nous basant sur la confiance qui existe entre nos pays. Nous supposons que nos alliés les plus proches respectent cette doctrine.

Elisabeth Eikeland, la porte-parole du quartier général opérationnel des forces armées. 

PHOTO: ODA VIKEN / NRK

Un accident nucléaire est un scénario peu probable

Tromsø est l'une des villes du pays qui a le devoir d’accueillir les bateaux alliés, et Tønsnes est l'un des deux ports de Norvège adapté aux navires à propulsion nucléaires de l'alliance de l'OTAN.

Pour que l'OTAN puisse utiliser le port de Tromsø, les forces armées ont dû effectuer une analyse de risques et de vulnérabilité. Entre autres, la cartographie des conséquences d’un accident dans la région de Tromsø et des recommandations de mesures préventives.

En mars de cette année, les forces armées ont livré une analyse de 80 pages. Selon lui, un accident nucléaire est un scénario improbable. Mais cela peut arriver, et en cas d'accident, les conséquences peuvent causer la mort, des atteintes à la santé sur le long terme ou des dégâts radioactifs à la nature et à l'environnement.

PHOTO: DAN HENRIK KLAUSEN / NRK

Plus tôt cette semaine, une réunion publique a eu lieu à Tromsø, où les résidents ont été interrogés par le ministre de la Défense Frank Bakke-Jensen.

Le ministre de la Défense y a souligné que le gouvernement ne choisirait jamais le port de Tønsnes en cas de doute sur la sécurité.

Cependant, le chef du parti à Rødt, Bjørnar Moxnes, estime que la situation n'est pas satisfaisante.

- Le ministre de la Défense sous-estime et minimise les conséquences d'un accident avec ces sous-marins nucléaires. Cela augmente le risque que Tromsø devienne une cible militaire dans un conflit entre la Russie et les États-Unis.

Le ministre de la Défense Frank Bakke-Jensen nie ne pas prendre ce risque au sérieux et se réfère à des décennies d'expérience.

- Les connaissances et l'expérience montrent qu'il est peu probable qu'il y ait un accident avec un navire allié à quai, dit le ministre.

Il déclare que le navire doit se conformer aux exigences en vigeur afin d'obtenir l'autorisation diplomatique pour faire escale dans un port norvégien, à la fois en termes de sécurité et de notification.

Les bateaux propulsés par des réacteurs nucléaires doivent recevoir un nouveau permis du ministère de la Défense pour chaque accostage. Bakke-Jensen ne pense pas que ces accostages feront de Tromsø une menace militaire.

- En Norvège, nous avons des installations militaires dans tout le pays. Nous n'avons aucune raison de considérer qu'un port qui reçoit occasionnellement des sous-marins américains pourrait être une cible militaire prioritaire par rapport à de nombreux autres endroits en Norvège.

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